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Bienvenue à Mtsamdu ya Ndzuani

Bienvenue à Mtsamdu ya Ndzuani

Culture | -   Mohamed Youssouf

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Mutsamudu, la capitale de Ndzuani est une ville vivante qui se caractérise par la jeunesse de sa population. Elle s’identifie à ses nombreuses installations hôtelières, touristiques à l’image de la citadelle, à ses lieux historiques notamment la place Pangahari, au stade de Hombo, un lieu qui justifie la passion autour du sport. Plusieurs endroits attractifs font la particularité de Mutsamudu. Visite guidée de notre reporter qui s’est rendu à “Mutsa” pour la première fois.

 

Nichée à quelques encablures de l’aéroport de Wani et frontalière de la ville de Mirontsy, Mutsamudu la capitale de Ndzuani est une ville en perpétuelle effervescence. La première chose qui frappe les visiteurs n’est autre que la jeunesse de ses habitants. Des jeunes, beaucoup de jeunes. Filles et garçons squattent les abords de la route et les places semi-publiques. Ici c’est shiromani contre jean.


La deuxième chose qui s’identifie à Mutsamudu ce sont des motos à n’en plus finir. Beaucoup de motos. Filles et garçons ont un faible pour ce moyen de transport. Ils s’accordent sur son aspect pratique.

 

Ici contrairement à Ngazidja, la diaspora n’envoie pas de voiture. Tout le monde n’étant pas en mesure de s’acheter un véhicule, on se déchaine sur les motos nous dira un jeune sans omettre de signaler l’aspect pratique de ce moyen de déplacement.

 

Les motards font la loi sur les routes de Mutsamudu ! En passant, nous avons été agréablement surpris de voir que la ville est épargnée par les nids de poule sur les routes.


La route justement, quel que soit votre trajet, pourvu qu’il ne dépasse pas la ville de Wani, le frais de taxi est de 250 francs contrairement à Moroni et ses 200 francs. Preuve de notre étonnement, Il a fallu que le taximen nous intime d’ajouter  50 francs car, par automatisme, nous en avons donné 200 francs. Autre dissimilitude avec la capitale fédérale, les longues files d’attente des voitures ne sont pas légion. “Seul l’axe Mairie-M’roni peut être en proie aux bouchons” fera savoir notre guide.


Contempler Mutsamudu, c’est se rendre compte que la ville actuelle n’aura rien perdu de ses attributs arabes et persans. On prendra pour preuve l’architecture des murs et des maisons.


Une troisième chose typiquement “Mutsamudienne”, c’est le nombre imposant d’hôtels, auberges, pensions et maisons d’hôtes. Il suffit de longer la route principale qui part de Mirontsy où se trouve l’antenne locale d’Al-watwan pour arriver à la place de la mairie de la cheffe lieu de Ndzuani.



Mutsamudu, c’est dans les hauteurs

D’innombrables panneaux sont fixés à proximité de la route et font la publicité en faveur de ses installations hôtelières. Notez que dans les auberges, il faut compter entre 5000 francs et 10 000 francs la nuitée, la nourriture n’étant pas prise en compte.


En parlant de nourriture, sachez que les ailes grillées inondent les abords des routes plus particulièrement la nuit. Sauf qu’elles sont plus chères comparativement à Moroni. Interpellée sur ce phénomène, une vendeuse lâchera “le pays se développe, les choses bougent et nous bougeons avec”. Bref continuons notre découverte de la ville.


Visiter Mutsamudu, c’est se rendre sur “certains lieux incontournables” à commencer par la citadelle. Ce bâti implanté dans les hauteurs de la ville offre une vue panoramique de tout Mutsamudu et de ses environs. Se trouver à la citadelle, c’est scruter les coins et les recoins de la mer, les quartiers de Shitsangani, Mroni, Missiri, Pagé entre autres.

Cette citadelle “Moussa Moudou” construite par Abdallah Mohamed Masseli entre 1782 et 1790 “est un édifice militaire à fonction défensive de la fin du XVIII pour protéger la cité contre les envahisseurs malgaches” et sa protection est actuellement assurée par les jeunes patrimoines des Comores. Le gardien nous expliquera qu’il eut une maison souterraine et des canaux de plusieurs centaines de mètres qui permettaient aux chefs d’évacuer les lieux en cas de menaces.


Mutsa la sportive

S’y trouve actuellement à l’intérieur de ce patrimoine national, un minaret dont la fonction consistait à alerter la population en cas d’invasion étrangère. “Les soldats mettaient le feu pour dégager le maximum de fumée, un signal qui annonçait à la population, la probable intrusion des ennemis” révélera le gardien des lieux. Mutsamudu, c’est donc dans les hauteurs.


Pour le justifier, il nous faut prendre de l’altitude à un kilomètre de la citadelle. Ici, il y a le stade de Hombo. Un lieu incontournable pour la jeunesse. Pour s’en convaincre, il a fallu suivre un match de football opposant les deux leaders du championnat régional, Etoile d’Or et Ngazi Sport. Dans ce stade perché en altitude, les organisateurs n’ont pas l’habitude de voir débouler des journalistes sportifs. Le ticket est exigible.

Contrairement à Moroni où, les billets peuvent exploser, ici  il ne peut excéder les 1000 francs. Les stades affichent archicombles donc. Deux clubs de  Mirontsy déchirent tout Mutsamudu. Cette passion se matérialise notamment en dehors du stade.

Des émissions sportives sont diffusées avec des hauts parleurs en pleine route à des heures tardives, comme 22 heures. Ce soir-là, Etoile d’Or avait battu son voisin honni, Ngazi sport sur le score de 3 buts à 2. Un match épique, très épique.


Une ville historique

Après les vertiges, il nous faut redescendre. Nous nous engouffrons donc dans les quartiers au cœur de la capitale de Ndzuani. Ces quartiers aux multiples ruelles. Nous tombons donc nez à nez avec le palais Ujumbé.

Construit probablement au XVI siècle, Ujumbe était le flambeau politique de l’île et symbolisait la puissance des sultans. Il s’identifie à la sculpture persane. En plein cœur de la médina, Ujumbe bénéficie actuellement d’une rénovation. Nous continuons d’arpenter les ruelles. Nous voici à la place Pangahari.


Celle-ci se trouve au centre de la ville. Contrairement à l’accoutumée, ce sont des jeunes que nous apercevons. Ils expliquent que toutes les manifestations culturelles de la cité se déroulent ici.


La place Pangahari est un haut lieu historique où, les sages et les anciens dispensaient les conseils et apprenaient aux jeunes l’art de manier la langue. Pour magnifier la solidarité de la population locale, nous avons été surpris de jongler avec plusieurs tuyaux en plastiques qui reliaient les différentes maisons au départ d’une seule citerne. Le manque d’eau était passé par là. L’entraide était de mise.

 


Avant de prendre la direction de la place M’roni, nous avons visité une autre place mémorable de la ville à savoir, la place Shitsangani. L’architecture persane saute directement aux yeux. Mais la place où il y a le plus de monde et d’activités est incontestablement la place M’roni. Elle fait face à la douane régionale. Ici, jeunes et vieux viennent pour passer du temps. Un jeune rencontré sur place nous informera qu’il y squatte parce qu’il est désœuvré.


La place attire également les Malgaches de l’île pour, disent-ils, les causeries. En face se trouve la place M’mangaju où stationnent tous les bus venant de tous les horizons. Comme à Moroni et probablement à Fomboni, les aides-chauffeurs ne chôment pas pour attirer le maximum de clients en partance des régions.

Domoni, Mramani, Bambao Mtsanga hurlent les uns pendant que les autres mettent le cap vers Moya, Sima et autres Pomoni. En définitif, Mutsamudu contraste avec les autres capitales du pays. Mutsamudu est une ville particulière décidemment.

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