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«Musaharati» aux Comores I Une culture du ramadhwani tenace

«Musaharati» aux Comores I Une culture du ramadhwani tenace

Culture | -   Mahdawi Ben Ali

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Alos que cette tradition est en déclin dans beaucoup de pays musulmans, aux Îles de la lune, il continue à donner de la voix

 

Si dans bien de pays musulmans, les musaharati ne vivent plus que dans les contes racontées aux enfants, aux Comores ils continuent leur bonhomme de chemin en faisant raisonner leurs voix dans les ruelles de la capitale, Moroni, et d’ailleurs. Le musaharati, c’est ce monsieur qui sillonne les rues des quartiers pour réveiller les habitants et les inviter à manger le tsahu – ce repas nocturne à prendre avant que le muezzin n’appelle les fidèles à la prière du matin (asubuhi ou al-fajri).


Quatorze jours après le début du ramadhwani, les musaharati ne fléchissent pas. Munis, parfois, de leur tam-tam, ils chantent les louanges du tsahu et les hasanât qui en découleraient, selon la tradition musulmane.«Je suis devenu musaharati il y a six ramadhwani déjà. Durant ce mois, il faut multiplier tous les actes pouvant vous valoir des hasanat (bénédictions), c’est ce qui m’a conduit à cette activité.

Je ne m’ennuie jamais à me lever au milieu de la nuit pour réveiller les gens. Ceux qui se lèvent pour prendre le tsahu, tout comme moi, récoltent les hassanat. Parfois, j’essuie des critiques, mais c’est comme ça dans toute chose. Après tout, par le passé, il y a des gens qui ont même été contre le adhan (appel à la prière musulmane, ndlr). Si on les avait écoutés, notre religion aurait disparu depuis bien longtemps», estime Fahmi Ben Ali.


Dans ce monde où la technologie est roi, certains disent que les musaharati n’ont plus de place à un moment où chacun, avec son réveil dans le téléphone, peut programmer le moment de se réveiller tout seul : «Imagine que j’active mon réveil pour le tsahu à 2h du matin, et le musaharati passe à 3h alors que je me suis rendormi, il va me créer des problèmes de sommeil. J’ai le réveil dans mon téléphone, je n’ai pas besoin de musaharati «, réagit Saïd Ahmed.


«Il y a des gens qui sont reconnaissants pour ce que nous faisons et nous encouragent. D’autres me menacent et m’interdisent de passer dans leur quartier. Toutefois, quand je ne passe pas, il y a d’autres personnes qui m’interpellent et disent qu’ils n’ont pas mangé de tsahu vu que je ne les aie pas réveillés.

Désormais, je passe, peu importe ce qu’ils vont dire. Malgré leur menace personne n’a encore osé en venir aux mains», explique Fahmi Ben Ali
Il faut dire, en fin, que si en Jordanie, par exemple, l’activité de musaharati est juste en déclin, dans d’autres pays de confession musulmane, elle a complètement disparu du paysage culturel du ramadhwani. Faut-il le déplorer?

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