logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Eau : Quelle est la priorité : les forages ou l’adduction ?

Eau : Quelle est la priorité : les forages ou l’adduction ?

Société | -   Nazir Nazi

image article une
Bien que les sources d’eau ne soient pas un problème dans le pays, les lacunes en matière d’adduction et d’extension du réseau sont bien présentes. Il serait plus judicieux, à l’heure actuelle, de se concentrer sur l’installation du réseau et des réservoirs là où les forages sont déjà réalisés.

 

La Journée mondiale de l’eau a été célébrée le vendredi 22 mars sous le thème de «l’eau pour la paix». On a avancé, pour justifier ce thème, que «lorsque l’eau est rare ou polluée, ou que certains se battent pour y avoir accès, les tensions peuvent s’accroître». Cet événement, célébré partout dans le monde, est passé presque inaperçu à Moroni. À part une publication sur la page Facebook de la Société nationale d’exploitation et de distribution des eaux (Sonede), sa célébration s’est réduite à sa simple expression.


Dans cette optique, la Sonede mène divers projets visant à améliorer l’accès à l’eau potable dans les différentes régions du pays. Grâce à ces initiatives, le taux d’accès à l’eau potable aux Comores est passé de 15% à 25% ces dernières années, avec pour objectif ambitieux d’atteindre 60% d’ici l’horizon 2030. L’eau est ainsi devenue plus accessible à une plus grande partie de la population, et contribue à améliorer ainsi ses conditions de vie et de santé, comme l’a souligné un passage posté par le service de communication de la société d’État.


Lors d’un essai de pompage de forage d’eau dans la région de Hambu en octobre de l’année dernière, le taux d’accès à l’eau potable a déjà été estimé à 29% au niveau national, un taux jugé insuffisant étant donné que le gouvernement s’est fixé comme objectif «67% en 2027». Malgré cette vision, les pénuries d’eau ont fait la Une fin de l’année dernière. Pourtant, les sources d’eau ne manquent pas. À Ngazidja par exemple, sur neuf forages effectués dans le cadre du projet pilote de Gestion du service public de l’eau en milieu rural (Geceau), financé par l’Agence française de développement (Afd) à hauteur de 2,7 milliards de francs comoriens et 202 millions de francs par la diaspora et la Fondation Sadev, huit ont pu démontrer que l’île regorge d’une quantité importante d’eau. Sur les huit forages concluants, les six points d’eau sont restés jusqu’à aujourd’hui sans adduction.


On peut citer les localités de Male, Midjendjeni, Mohoro, Shamle, Wellah, Mtsangadju et Shezani où les habitants ne bénéficient toujours pas d’eau à partir de ces forages faute d’infrastructures d’adduction. Malgré cela, l’idée de forer suit son cours. À cela s’ajoutent les forages programmés par le projet Er2c financé par le Fonds vert climat, lancé en 2019 et qui prendra fin en 2027. Parmi les infrastructures à construire, six forages profonds sont planifiés. Si les sources d’eau ne posent pas de problèmes dans le pays, le défaut d’adduction et d’extension du réseau existent.


Assez de forages ? Se concentrer sur la mise en place du réseau et des réservoirs au niveau des sites où les forages sont présents serait préférable à l’heure actuelle. À Moroni, il existe trois sites de pompage : le TP5 d’une capacité de 9000 m3, le TP1 d’une capacité de 3000 m3 et le site «ONU 4» d’une capacité de 2000 m3. À cela s’ajoutent deux citernes de stockage, le RB 2000 et le RB 500 d’une capacité cumulée de 2500 m3. «Au lieu de procéder à une multitude de forages, pensons à faire parvenir ces sources aux populations ciblées», avait proposé un haut cadre du secteur.


D’importants projets existent pour relever un tel défi. Sont-ils orientés vers l’objectif d’alimenter en eau potable dans les meilleurs délais ? Le problème foncier pénalise également le secteur. Une autorité avait confié que la société d’État continue à payer mensuellement pour certains terrains et a du mal à finaliser le dossier foncier, bien que le nouveau code de l’eau ait stipulé les 50 mètres de rayon au profit de la Sonede.Il faut savoir que dans le monde, une personne sur trois n’a pas accès à une eau potable salubre et abordable. D’ici 2050, on estime que le changement climatique privera 1,5 milliard de personnes supplémentaires d’accès à l’eau.

Commentaires