logo Al-Watwan

Le premier journal des Comores

Tragédie de Nadia Mohamed | Tirée alors qu'elle tentait de rejoindre ses enfants à Mayotte

Tragédie de Nadia Mohamed | Tirée alors qu'elle tentait de rejoindre ses enfants à Mayotte

Société | -   Nourina Abdoul-Djabar

image article une
La famille de Nadia Mohamed, la jeune femme touchée par une balle des garde-côtes comoriens lors de sa traversée vers Mayotte, réclame justice. La jeune femme tentait de rejoindre l’île pour retrouver ses deux enfants.

 

Dans la journée du dimanche 21 avril, une tragédie a frappé Nadia Mohamed alors qu’elle tentait de retourner à Mayotte après son expulsion lors de l’opération Uwambushu 1 en avril 2023. Touchée par une balle tirée par les garde-côtes comoriens, cette mère de deux enfants a été plongée dans une lutte pour sa survie, et sa famille a été plongée dans l’angoisse et l’incompréhension.


Nadia Mohamed, fille de Trende Moegni Amane et Mohamed Maka, est née le 27 janvier 1995. Elle a aujourd’hui 29 ans. Originaire du village d’Itsamia à Mwali, dans la région de Djando, sa jeunesse a été marquée par des conditions de vie difficiles, ses parents étant déjà installés à Mayotte. Face à ce contexte précaire, Nadia abandonne l’école et se lance dans une traversée risquée vers «l’espoir», autrement dit Mayotte, en 2017. Elle avait réussi à y rejoindre sa famille.


Après son retour forcé, Nadia a de nouveau cherché à rejoindre Mayotte pour retrouver ses enfants. Elle fera son retour à Mwali, où elle restera un temps avant de partir à Ndzuani à la recherche d’un travail. Sur place, elle a travaillé dans un restaurant, et économisé son salaire afin de payer de nouveau la traversée.

Silence des autorités

Le coût s’élève à 500 euros, cependant, elle a pu négocier pour obtenir une réduction. «Son unique souhait était de retrouver ses deux enfants», raconte Kalathoumi Saindou, sa sœur.Le dimanche 21 avril à 12h30, jour fatidique, Nadia embarque sur la plage de Moya. À 13h00, une heure après le départ, la tragédie frappe. Un agent des garde-côtes comoriens demande au commandant de s’arrêter, mais face au refus d’obtempérer, il tire une balle sur la barque, atteignant ainsi la jeune mère.


Transportée à l’hôpital de Hombo dans des conditions critiques, Nadia aurait subi une longue attente de 10h avant d’être admise en salle d’opération, selon sa famille. Désemparée, celle-ci a dénoncé le silence des autorités et l’absence d’explications sur les circonstances de l’incident. Les proches de la jeune femme estiment en même temps que cette dernière a fait preuve de «résilience» et a «survécu à l’opération», mais «elle reste en quête de justice et de soins appropriés». «Il y a eu beaucoup de lenteur à l’hôpital, on avait presque perdu espoir, heureusement qu’elle est assez forte», raconte sa tante. «Après dix heures d’attente, elle sera admise au bloc opératoire à 23h03 pour sortir à 02h10», ajoute-t-elle, avant de préciser : «Nous avons vu la balle, les médecins nous l’ont montrée avant que les forces de l’ordre la récupèrent.»


Depuis l’incident, la famille affirme n’avoir vu aucun responsable pour connaître la situation de sa fille. Ils n’ont eu droit à aucune explication jusqu’à présent, selon toujours ses proches, «en dehors de la visite du docteur Zaidou Youssouf», gouverneur fraîchement élu de l’île de Ndzuani. L’incompréhension les ronge. Ils «ne comprennent pas pourquoi les choses en sont arrivées à ce stade».


Alors que le tireur a été mis aux arrêts, selon le procureur de la République de Mutsamudu, la famille de Nadia a appelé à «une action immédiate pour garantir sa sécurité et sa santé» et a exhorté les autorités à lui «fournir des soins adéquats à l’étranger».


La famille de Nadia s’est sans doute rappelé du cas de Fahad Moindze, jeune supporter des Cœlacanthes victime du tir d’un soldat comorien en novembre dernier, et qui a été évacué aux frais du gouvernement, mais qui n’a pas survécu. Mais elle n’a peut-être pas reçu de réponse depuis puisque, aux dernières nouvelles, Nadia est arrivée à Mayotte hier jeudi, à bord, encore une fois, d’un kwasa affrété par ses proches.Elle et ses accompagnateurs ont été interceptés par la police française, qui l’a conduite à l’hôpital.

Commentaires