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Transport aérien I Nouveau bras de fer entre l’Anacm et R Komor

Transport aérien I Nouveau bras de fer entre l’Anacm et R Komor

Société | -   Abdou Moustoifa

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Sommée une nouvelle fois de ramener en maintenance son fokker-50, qui vient à peine de reprendre du service, ordre venant du gendarme de l’aviation civile comorienne, la compagnie R Komor dénonce un abus de pouvoir et a décidé de suspendre toutes ses activités.

 

Moins de dix jours après avoir retrouvé à nouveau les airs, le fokker-50 de la compagnie R Komor est à nouveau sous le coup d’une interdiction émanant de l’Agence nationale de l’aviation civile et de la météorologie (Anacm). Dans une conférence de presse tenue, ce jeudi 25 mai, le directeur général par intérim de l’Anacm a confirmé cette mesure laquelle intervient après la réception, dit-il d’une réponse du constructeur de l’avion de la compagnie Rkomor. « Cet avis que nous avons reçu lundi, indique qu’il faut que l’appareil subisse d’autres travaux de maintenance. Donc, il est de notre devoir de veiller à ce que cela se fasse. Car si jamais le pire venait à se produire, étant déjà prévenus, la responsabilité nous incomberait», a expliqué Ibrahim Mchami, précisant au passage qu’en cas d’accident, l’assureur aurait le droit de se désengager s’il apprenait que l’avion a manqué un contrôle.


A en croire le directeur par intérim, en plus du fabricant de l’avion, l’Anacm a reçu un avis d’un second constructeur qui recommande, par ailleurs, de mettre l’accent sur le moteur durant le contrôle. Selon toujours lui, le gendarme de l’aviation civile s’était mis d’accord avec R Komor qu’ils devaient solliciter le constructeur du Fokker une fois que les travaux du centre de maintenance auront pris fin. Notre conférencier a souligné que généralement, les pièces et équipements d’un avion sont conçus par différentes entités rappelant que leur décision d’interdire le vol de Rkomor n’est motivée que par des préoccupations sécuritaires. «Cela ne nous fait pas plaisir. Nous avons conscience que des clients comoriens seront impactés. Mais nous devions prendre les mesures malgré les pressions», s’est justifié le patron par intérim de l’Anacm qui, lors de la conférence avait été assisté par le Directeur de la sécurité des vols, Mohamed Saandi Anzi.

274 passagers bloqués

La hiérarchie de l’aviation civile comorienne a ajouté que les travaux supplémentaires recommandés par le fabriquant du Fokker ainsi que les contrôles sur le moteur peuvent être effectués au même endroit, à savoir, le centre de maintenance de Nairobi, dont les techniciens sont reconnus. Après une série de crevaisons que leur plus grand appareil avait fait l’objet à Ndzuani notamment, R Komor avait dû envoyer son aéronef au Kenya pour des contrôles.


Le vol y passera presque dix jours et n’a été rapatrié que le 7 avril. Un certificat avait été délivré pour prouver que les recommandations de l’Anacm avaient été suivies à la lettre. Le gendarme de l’aviation civile autorisera le Fokker à effectuer ses rotations. Le 18 avril, la compagnie a même effectué son premier voyage vers Mombassa. Il a également assuré de liaisons entre les îles avec l’appui du LET410, le petit aéronef de R Komor. Voilà que cinq jours plus tard, une note vient interdire à la compagnie comorienne de poursuivre la desserte avec son plus grand avion de 53 places. Pour le directeur technique de Rkomor, Ezi-Eldine Youssouf, qui a tenu une conférence de presse ce jeudi, l’Anacm se rend coupable d’un «abus de pouvoir».

 

A l’entendre, la direction de l’aviation civile aurait fait une mauvaise interprétation de la réponse que le constructeur leur a envoyée. Il s’est expliqué : «Après la dernière crevaison, nous avons écrit sans perdre du temps à notre constructeur lequel nous a recommandé deux travaux à réaliser. Nous avons suivi scrupuleusement les instructions. Ainsi, le centre de maintenance a sorti le certificat. Le problème, l’Anacm n’a visiblement pas lu tout le doucement du fabriquant, ce qu’ils exigent aujourd’hui comme maintenance, nous l’avons faite», assure, Ezi-Eldine Youssouf qui a annoncé dans la foulée, que suite à la décision de l’Anacm, R Komor en guise de protestation, suspend, elle aussi ses activités jusqu’à nouvel ordre.


C’est-à-dire même son LET410, en dépit des conséquences que cela peut engendrer restera au sol. Jusqu’à hier, il y avait près de 72 passagers à rapatrier au niveau international, sans oublier les 204 autres bloqués dans les îles. «Déjà, ils n’ont pas suivi de procédure quand il nous interdisait de faire voler le Fokker. La décision est tombée le lundi vers 16h. Puisqu’il n’y avait pas urgence pourquoi ne pas nous appeler, le temps de nous permettre d’arranger avec notre clientèle», déplore Ezi-Eldine. Une tentative de médiation initiée par le ministère des transports s’est révélée infructueuse.
Reste à savoir qui de R Komor ou de l’Anacm remportera la bataille.

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