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Ylanglace : Ce bon bout de chez nous

Ylanglace : Ce bon bout de chez nous

Société | -   Dayar Salim Darkaoui

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Comme Charkane Alhadhur et son projet de Fast-food, Nodjimba Assiata et son projet de jus de canne à sucre, Elie Buscail et sa femme Loubna Saïd Bacar viennent eux aussi de s’installer aux Comores pour investir dans leur pays. Selon le couple, ils auraient pu rester en France pour mener leur vie en Europe, cependant ils ont décidé de tout laisser tomber pour venir contribuer à leur façon au développement du pays. “Il est facile de rester en France et dire que ceci ou cela ne va pas. Il faut venir, et apporter sa contribution”, a déclaré le mari montrant son choix pour la glace un secteur gastronomique qu’il considère moins exploité pour ne pas dire quasiment absent dans le pays.

 

Un sofa, quelques tables et chaises disposées ici et là, une petite sono, et surtout, de la fraîcheur. Beaucoup de fraîcheur. L’Ylanglace ressort comme un oasis en plein désert.

La maison de glace, ouverte le 1er de ce mois, se trouve du côté de Hamramba, sur la terrasse du Madison hôtel (ancien Café des écoles), le long de la route qui mène vers le Groupe scolaire Fundi Abdulhamid. “Un coin qui ne vit pas spécialement”, pour reprendre les mots de Loubna Saïd Bacar, l’une des propriétaires.

Il est 13 heures, samedi 20 janvier, la jeune femme et son mari, Elie Buscail, tous deux franco-comoriens, sont affairés. Ils finissent à peine d’installer leur matériel. Tout ce qu’il y a de plus sobre.

Une machine barbe à papa, une autre à glace et une cafetière Expresso. Le couple a laissé “toute une vie” derrière pour venir investir aux Comores. Elle (la femme) est diplômée dans l’immobilier, avec plus de dix ans d’expérience en tant que négociatrice immobilière. Et lui (le mari) rien de moins qu’un ex-employé d’Edf. De la logistique au service commercial, le jeune homme aura enchaîné les métiers au sein de la société française d’électricité.

 

Nous aurions pu mener notre vie en France. Mais nous avons décidé de tout laisser tomber pour venir investir au pays. Il est facile de rester en France et dire que ceci ou cela ne va pas. Il faut venir, et apporter sa contribution. Nous, on a dit qu’il n’y avait pas de glaces, lance sur un air amusé Elie Buscail.

 

“Pour une île, il y a énormément de manque en termes de glaciers”, constate Loubna Saïd Bacar. De plus, selon elle, “dans le peu de glaciers qui existent, on ne retrouve pas forcément la qualité”. “Les gens se contentent du sucré. Nous voulions proposer quelque chose de nouveau. Importer chez nous cette qualité que l’on trouve ailleurs”, poursuit-elle. “Il ne sert à rien d’investir si c’est pour faire la même chose que les autres”, renchérit Elie Buscail.


Miser sur la persévérance et la qualité

“Qualité”, soit le mot mis en avant par l’enseigne pour sortir du lot. Sur un tableau derrière le comptoir, écrite à la craie et illustrée de dessins, la liste des produits proposés. De la barbe à papa ainsi que diverses gammes de glace à l’italienne. De l’Écolier en passant par l’Ylang King au Sundae jusqu’au King Sundae, les gourmets ont l’embarras du choix. “Nous proposons de la vraie glace à l’italienne.

L’Écolier est une glace basique, avec un cornet simple. C’est un pied d’appel aux enfants. L’Ylang King possède un cornet plus biscuité, plus moelleux”, explique Loubna Saïd Bacar. Le Sundae, qu’un monsieur sorti droit du Madison hôtel vient de commander, est servi sur un gobelet, façon McDo, mais en “plus gourmand”.

 

 

“Le Sundae est à base de vanille. Il est servi avec des cacahuètes et un coulis de caramel. Le King Sundae est lui proposé avec un supplément de bananes. Il est personnalisable. Le client a le choix entre un coulis de caramel ou de fraise, voire les deux”, détaille la jeune femme. Il faut compter 700 francs la barbe à papa, 1.200 et 1.400 francs les cornets de glace, et 2.200 francs le Sundae. Des prix qui sont, selon Elie Buscail, gages de qualité.

Le couple aura investi dans ce “rêve” 10 à 11.000 euros, “sans compter le déménagement”. L’enseigne emploie à ce stade deux personnes. Elle mise autant sur la convivialité que sur la qualité.

 

Nous voulions créer quelque chose de sympathique. La glace est un dessert gourmand. Les gens ont besoin de se poser quelque part, dans un endroit convivial, et profiter de ce moment de plaisir, fait valoir Loubna Saïd Bacar.

 

Dans cet environnement, les enfants ont toute leur place. Un château gonflable est mis à leur disposition, tandis que le Clown bavard y tient un spectacle gratuit tous les dimanches à partir de 17 heures.
Les deux jeunes entrepreneurs pointent du doigt le laisser aller du gouvernement. “Nous sommes des jeunes entrepreneurs. Nous n’avons bénéficié d’aucune aide ni d’aucune exonération. Au contraire on a été balloté de gauche à droite”, s’est plaint la jeune femme.

Pour tirer son épingle du jeu, comme l’a laissé entendre Elie Buscail, “il faut être motivé”. Oui, car vers minuit, il faudra tout remballer. Et tout déballer dès le lendemain. La réussite passe aussi par là.


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