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Portait : Msondro, ou quand une légende vivante du cyclisme se raconte

Portait : Msondro, ou quand une légende vivante du cyclisme se raconte

Sports | -   Elie-Dine Djouma

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Une gloire, un modèle pour les jeunes, un inséparable des deux-roues. Neuf trophées en dix ans de carrière. Tels sont les grands moments de la vie sportive d’une star des années 1970. Mais que reste-t-il de sa riche carrière sportive? Msondro n’est “pas du genre à pouvoir se rappeler des choses pendant des années”. Même pas sa date de naissance. Peut-être. Mais il avait des pieds qui pédalaient beaucoup et vite.

 

Si le cyclisme a pu se faire un nom dans l’archipel, c’est grâce à Msondro, entre autres. Ce septuagénaire a marqué l’histoire du cyclisme comorien. Entre les deux-roues et Msondro, de son vrai nom, Ali Mohamed Mchahidi, c’est une belle histoire d’amour et de passion et de gloire. En dix ans de carrière, il a remporté neuf trophées.

Tous à l’occasion des courses organisées, alors, tous les 14 juillet, fête nationale française. Dans ses succès, le champion est marqué surtout par sa première “prouesse”. Il revient en détails sur cette toute première victoire. 

“Ma première course de vélo a été, par coïncidence, la dernière de mon mentor, Mbapandza Zozo, originaire de Mwebwabwani. Il est le premier à m’avoir conseillé, en ami, de participer à une course de vélo. Il m’a légué des conseils qui m’ont beaucoup servi. Par la suite, je l’ai battu et il est allé à la retraite”, s’est-il rappelé. Ce fut une course de douze tours de la ville Moroni.


Sources d’encouragements

Toutes les courses de Msondro avaient toujours le même point d’arrivée : à Moroni. Mais les points de départ variaient au fil des années. “Tantôt à Bangwakuni, tantôt à la place Badjanani et parfois à Dzahadjuu la Hambuu”, indique-t-il.

“Ce sont mes conseillers et sponsors Soulé Saandi et Abdallah Mhadji, tous deux de Moroni, qui m’ont toujours expliqué l’itinéraire. Et mon patron et ingénieur malgache de la compagnie de construction Chevalier m’achetait toujours mes vélos”.

Pendant qu’on s’entretenait avec Msondro sur la place des jeunes du quartier dit “Gabon” de son Nyumamilima ya Mbwankuu natal, il avouait qu’il a gardé en mémoire très peu de chose de ses beaux souvenirs.


Plus de 100 km par jours

“Je n’ai pas une bonne mémoire. Je ne suis pas du genre à pouvoir mémoriser quelque chose par cœur, pendant des années. Même ma date de naissance, je ne la connais pas. Mon âge non plus”, rigolait ce père de sept enfants. Notre guide, Abdallah M’madi lâchera, malicieusement, devant la légende vivante : “il n’a peut-être pas une bonne mémoire, mais il avait des pieds pour pédaler et vite”. 

L’ancien cycliste n’a aucune date ni aucun souvenir de ses prestations. A part la popularité de son nom dans les années 1970, Msondro n’a aucune trace, chez lui, de ses triomphes. Car pour lui, le vélo a été avant tout son moyen de transport pour se rendre à son lieu de travail.

Au départ, “je me servais de mon vélo pour aller travailler à Touristique en tant que ferrailleur dans la compagnie Chevalier. Je faisais la navette Nyumamilima-Itsandra, plus de 50 km tous les jours pendant plusieurs années. Entre 4h 00 et 6h 30 et à partir de 14h à 17h sur une route non bitumée”, a précisé le multiple champion.

L’icône du cyclisme comorien a gagné huit bicyclettes comme trophées. Son neuvième trophée a été une moto DKW. A l’époque, “ces deux roues motorisées avaient la valeur d’une voiture. Ce jour-là, mon dauphin a été le champion de Mayote dont, j’ai oublie malheureusement le nom.

Il avait gagné un vélo plus 20.000 francs comoriens de prime”,
En dehors de sa passion pour les deux roues, il a connu divers métiers dont ferrailleur, maçon, plombier et chauffeur de taxi avant de se convertir au métier d’éleveur et d’agriculteur.


Mbapandza Zozo, un modèle à suivre

Msondro garde de bons souvenirs de sa vie de taximan. Notamment toutes les années passées à Pvanambwani où était basée sa clientèle. Il en a connu aussi de mauvais : “Je n’ai plus l’index de ma main droite depuis 1995, le jour de la destitution du feu président Saïd Mohamed Djohar.

Je conduisais mon taxi vers la place des banques quand une balle venant par derrière m’a violement coupé le doigt avant de l’emporter à travers mon pare-brise”, décrit-il les yeux grandement ouverts. Un débris de sa voiture se serait logé dans sa nuque. Il lui sera retiré à Maurice, la même année au cours d’une intervention chirurgicale.

Msondro et son modèle, Mbapandza Zozo, n’ont jamais eu l’opportunité de quitter Ngazidja pour une quelconque compétition. Mais à l’époque de ses gloires, les Comores n’étaient pas encore un pays souverain et il n’y avait donc pas de fédération nationale de cyclisme.

Mais il reste à cette gloire sa grande popularité, ses nombreux trophées dans les mémoires de ses compatriotes.  

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